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Jeudi 21 avril 2011

Du 11 au 25 mars dernier, quinze étudiants en Théâtre et médias, accompagnés des enseignants Pierre Legris et Diane-Andrée Bouchard, ont vécu une expérience humaine et théâtrale hors de l’ordinaire dans le cadre d’un stage à Cuba. Lisez le compte rendu de l’une des participantes, Rose-Anne Déry-Tremblay.

Passer deux semaines à Cuba, en ville et dans un village éloigné, en plein cœur de la vie des Cubains et avec le théâtre pour communiquer… quoi demander de mieux pour nous, quinze étudiants de l’option Théâtre et médias? Nous avions la possibilité d’aller montrer notre passion dans un autre pays, de montrer ce qu’on sait faire à des gens d’une tout autre culture. Au bout de plusieurs mois de préparation, de beaucoup de travail et de bien de la détermination, ce fut une expérience complètement extraordinaire qui nous a tous fait grandir au-delà de ce que nous espérions.

Nous avons vraiment beaucoup appris pendant la création de notre spectacle, et nous en avons appris encore bien plus lors de notre séjour à Cuba. Ce fut un apprentissage personnel et collectif. Nous avons essayé tant bien que mal d’ouvrir notre esprit le plus possible et d’emmagasiner le maximum d’informations afin de ramener le meilleur de l’expérience chez nous et de pouvoir intégrer un peu de leur culture à la nôtre. Nous avons appris le socialisme, la débrouillardise, le courage, la révolution, la fierté, la solidarité, l’ouverture aux autres et surtout, mais surtout, l’amour que les gens ont à offrir et le nôtre en retour.

Ce projet nous a donné aussi des connaissances sur la culture cubaine, et ce, tant lors de la préparation que sur le terrain. Après chaque représentation, nous échangions avec les spectateurs. Ceux-ci nous posaient des questions sur la façon dont nous avions procédé pour monter le spectacle et donnaient aussi leurs impressions. Nous avons eu droit à des échanges mémorables : « Je vois le monde représenté dans votre pièce », a dit un journaliste à Manzanillo! Nous avons certainement eu, à notre façon, un impact sur les gens. En fait, nous leur avons apporté du divertissement, mais aussi transmis une facette de notre culture québécoise car notre spectacle a été monté dans cette optique.

Sur un plan académique, nous avons vécu, grâce à ce stage, une véritable expérience de création théâtrale (par le travail d’improvisation, de création des personnages, de scénarisation de l’histoire et d’interprétation) et appris énormément sur le travail et la vie d’un interprète en tournée. Au niveau de la formation, nous avons touché à une autre dimension du jeu de l’acteur soit le travail corporel grâce à la contrainte de présenter une pièce sans paroles. Nous avons joué devant public bien davantage que nous le faisons à l’intérieur habituel du cadre scolaire, et ce, dans des conditions parfois extrêmes et avec des moyens simples. Et que dire de l’impact qu’a eu sur chacun d’entre nous, Québécois et Cubains, l’expérience humaine et artistique partagée? Nous, Québécois, avons appris à nous connaître, à vivre en groupe et à découvrir l’autre.

De plus, nous pouvons affirmer que nous avons participé à la mission de la guérilla qui est celle d’aller porter la culture dans les régions isolées des montagnes cubaines. On a échangé de façon privilégiée avec la population cubaine de tous âges qui nous a accueillis généreusement. Nous en avons appris davantage sur cette culture et sur la solidarité que nous n’aurions pu le faire lors de tout autre type de voyage. Nous avons montré qui nous sommes, qu’il existe un petit coin de pays où l’on parle français en Amérique du Nord. Nous avons tissé des liens serrés avec L’ICAP (Institut Cubain pour l’Amitié entre les Peuples) qui souhaite réinviter les étudiants de l’option Théâtre et médias du Cégep de Trois-Rivières l’an prochain afin de renouveler l’expérience.

Ce projet a trouvé aussi sa pertinence dans l’ouverture sur le monde qu’il nous apporte. En ce sens, nous avons vécu deux semaines, de « l’intérieur », à Cuba. Nous sommes allés vraiment au cœur des villes où nous sommes demeurés, et en montagne, nous avons habité sur le terrain même d’une villageoise! De plus, les gens nous ont intégrés généreusement à leur communauté, nous ont appris beaucoup sur eux, comme par exemple leurs danses, leurs habitudes alimentaires, leur histoire politique incroyable et bien sûr, leur art, et je crois que cela nous donne une expérience incomparable.

Notre projet a nécessité beaucoup de préparation : nous avons suivi des formations sur l’histoire et la culture du pays avant notre départ, et, depuis octobre 2010, nous avons travaillé sans relâche à la création du spectacle parallèlement à nos études. Cette création s’est fait sous la direction de notre professeure et metteure en scène Diane-Andrée Bouchard.

Pour conclure, il nous a fallu beaucoup de temps et de motivation pour réaliser notre projet définitif, et Quatre saisons, un village… est et restera un immense projet dont nous sommes très fiers. L’échange à Cuba a été une pure réussite.

 

Rose-Anne Déry-Tremblay,

Finissante de l’option Théâtre et médias


Janik Bélanger, Pierre Legris, Diane-Andrée Bouchard, Andréanne Germain, Rainer Morales, Catherine Lefebvre, Jonathan Thériault-Leboeuf (avec une casquette devant), Laury Huard (avec une casquette derrière), Sammy-Jo Moisan-Lacasse, Shany Lafontaine (avec un foulard), Gabriel Frappier, Camille Marchon (devant robe rayée) Carmen Raymond-Massey, Simon Beaudry, Andréane Lavergne-Lacasse, Rose-Anne Déry-Tremblay et Olivier Normandin (devant par terre). Absent sur la photo : Joey Arseneault-Cloutier.


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