Mardi 30 avril 2013
Un texte de Raymond-Robert Tremblay
Le 26 février dernier, la première ministre du Québec, Pauline Marois, a conclu les travaux du Sommet sur l’enseignement supérieur en annonçant un chantier sur l’offre de formation collégiale. Le mandat de ce chantier est « d’optimiser l’offre de formation collégiale au Québec afin de permettre, notamment, une plus grande concertation entre les cégeps et leur milieu. » Cette démarche se conclura par un rapport de travail au printemps 2014.
Le jour même, la Fédération des cégeps se déclarait «relativement satisfaite». En effet, elle se réjouissait de « la révision du Règlement sur le régime des études collégiales (RREC) afin d’assouplir et d’adapter […] les programmes d’études techniques pour répondre aux réalités régionales et aux besoins du marché du travail. Revoir le mode de financement de la formation continue est aussi bien accueilli…» Mais pourquoi une telle satisfaction?
Les cégeps réclament une meilleure souplesse pour la gestion de leurs programmes afin de répondre rapidement à des besoins régionaux de qualification, tout en préservant les standards de diplomation. La durée de certains programmes d’études techniques pourrait être réduite alors que d’autres devraient au contraire se voir ajouter une année. Il convient de faciliter la mobilité étudiante entre les collèges et le passage du collégial à l’université.
Le dernier Forum sur l’avenir de l’enseignement collégial, tenu en 2004, n’avait abouti à aucune réforme d’envergure et certains problèmes soulevés par le réseau collégial sont demeurés sans solution. Plus de 5000 adultes par année ne trouvent pas de place à la formation continue des cégeps, faute d’un financement adéquat. Selon Statistique Canada, le taux de participation des 25-64 ans à des activités de formation liées à l’emploi plafonne à 28 % au Québec, alors que la moyenne canadienne est de 36 %. Il y a donc lieu de se donner les moyens de répondre aux besoins de formation des adultes et des entreprises. Cela est d’autant plus vrai en Mauricie où la fermeture de certaines entreprises traditionnelles nécessite de grands efforts de requalification de la main-d’œuvre.
La réussite scolaire demeure aussi un défi important, alors que seulement 71,5 % des étudiants décrochent le diplôme d’études collégiales (DEC) et à la formation technique, on parle de seulement 62 %! Les étudiants prennent jusqu’à deux ans de plus que la durée prévue pour faire leurs études, en raison de divers problèmes personnels ou de l’obligation de combiner le travail et les études. Les causes du décrochage scolaire sont nombreuses et complexes. Les étudiants en situation de handicap ou affligés de problèmes de santé mentale sont de plus en plus nombreux. De plus, l’accueil d’étudiants étrangers en plus grand nombre est également un défi important à relever.
Finalement, la recherche a été reconnue clairement comme une contribution du réseau collégial par la première ministre. Cela nécessite également une réflexion en profondeur sur les transferts technologiques en lien avec les besoins de développement économique et d’entrepreneuriat local.
Bref, le réseau collégial, qui n’a pas été examiné en profondeur depuis bientôt vingt ans, nécessite certainement un chantier. Les collèges espèrent avoir l’occasion de faire valoir leur contribution et leurs besoins. Ils espèrent surtout qu’un plan d’actions concrètes permette rapidement d’améliorer et d’augmenter leurs services éducatifs au bénéfice des étudiants jeunes et adultes et du développement de chacune des régions du Québec.
Cet article a été publié dans Le Nouvelliste du 7 mars 2013.